dana hilliot<p>"Peu de personnes sont prêtes à renoncer à l’avion". 😅 </p><p>Dans mon cas, c'est un renoncement assez facile. J'ai pris l'avion une fois dans ma vie, en 1998, entre Poitiers et Toulon (vu la tronche de l'avion, j'en ai été quitte pour une surdité durant trois jours après l’atterrissage - ça tombait mal parce que c'était censé être l'occasion de retrouvailles avec mon père avec lequel j'avais quasiment cessé toute relation depuis dix ans 😅 On s'est bien rattrapé depuis). </p><p>Bref : le Monde s'adresse à son lectorat habituel - qui prend l'avion et n'habite à un bidonville à Rio de Jarneiro (un lectorat qui aurait plutôt tendance à survoler ce bidonville plutôt qu'y mettre les pieds)</p><p><a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2025/03/17/vous-voulez-compenser-votre-vol-en-avion-par-des-ecogestes-voici-combien-de-temps-cela-vous-prendra_6204046_4355771.html?utm_source=firefox-newtab-fr-fr" rel="nofollow noopener" translate="no" target="_blank"><span class="invisible">https://www.</span><span class="ellipsis">lemonde.fr/les-decodeurs/artic</span><span class="invisible">le/2025/03/17/vous-voulez-compenser-votre-vol-en-avion-par-des-ecogestes-voici-combien-de-temps-cela-vous-prendra_6204046_4355771.html?utm_source=firefox-newtab-fr-fr</span></a></p><p>Plus sérieusement, ce genre d'article est intéressant, évidemment, parce qu'il montre (pour la 15 896ème fois) à quel point les manières d'habiter le monde diffèrent, et à quel point les contributions à la catastrophe climatique épousent les inégalités socio-économiques. L'étape suivante serait évidemment de politiser l'affaire, ce qui a été fait également 15 896 fois, mais pas forcément dans les mêmes articles.</p><p>(je vous laisse gloser sur votre "cas personnel" et justifier au lectorat de Mastodon vos voyages en avion, et montrer à quel point c'est compliqué, mais bon, quand même, je suis pas le pire et d'ailleurs blablablabla, ce dont je n'ai strictement rien à carrer)</p><p><a href="https://climatejustice.social/tags/Avion" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener" target="_blank">#<span>Avion</span></a></p><p>NB : La "répétition" inlassable depuis des lustres de cette littérature sur le bilan carbone individuel constitue bel et bien un outil de "reproduction" - c'est--à-dire que son seul effet consiste à produire chez le lecteur une sorte d'état de conscience fugitif qui l'incite à se contempler lui-même en tant que consommateur, en éprouver éventuellement un bref sentiment de culpabilité, qu'il a tôt fait de relativiser - car il y a pire ! - et même le type très riche qui crame en un an plus de carburant que la quasi-totalité des habitants du pays dans lequel il vit trouvera le moyen de se sentir moins coupable en se comparant à Bernard Arnaud. Ça marche très bien à tous les étages notez-le.</p><p>L'avantage de ce genre de cuisine individuelle, c'est qu'elle permet surtout d'éviter soigneusement toute politisation du problème, de reléguer fort loin dans les limbes les analyses structurelles, le colonialisme, les inégalités abyssales (1 milliard de personnes vivent dans des bidonvilles, sans parler des camps d'internement, des zones de sacrifice extractives, des zones toxiques, débilitantes, reléguées aux abords des smart-cities gentrifiées, et pas mal de millions dans les ruines aussi de villes dévastées par des bombardements), les relations causales entre les mondes de la richesse et de la prospérité et les mondes de l'exploitation généralisée. </p><p>Oui, tout cela est relégué dans les limbes, au profit de nos petites cuisines internes sans conséquence. C'est bien le but.</p>